La Fresnais –  Nom breton : An Onneg  –  Nom Gallo : La Frèsnàe
La Fresnais (autrefois écrit La Fresnaye ou La Fresnaie) signifie lieu où poussent les frênes.
Située près de la Baie du Mont Saint Michel, à 15 km de Saint-Malo, La Fresnais fait partie du Canton de Cancale et est membre de Saint Malo Agglomération qui regroupe 17 autres communes (soit 83 000 habitants).
D’une superficie d’un peu moins de 15 km², elle compte une population d’environ 2 300 habitants.

Un brin d’histoire :

Les premières traces de la présence humaine à La Fresnais ont été découvertes aux Fauvettes : des tessons d’une poterie datée entre le 1er siècle av. J.C. et le 1er siècle après J.C. (Gallo-Romains). En 1080, La Fresnais existait comme paroisse (1ère mention écrite de La Fresnais).
La Fresnais n’a pas été marquée par des événements historiques majeurs mais les grands évènements nationaux et l’histoire locale, ont eu des retombées sur la commune.
La Fresnais relevait du Regaire de Dol, seigneurie temporelle des évêques de Dol. Les fiefs de moyenne justice étaient la Ville-és-Brune, la Cour d’Aval, la Folleville et le Pré-Henry.
Au XVème siécle, la seigneurie de la Ville-és-Brune appartenait à la famille Mauvoisin. Au XVIeme siécle, elle passa à la famille le Saige et le resta jusqu’au début du XXeme siécle.
La seigneurie du Pré-Henry appartenait au XVeme siécle à la famille Rahier. A Rennes, le 28 janvier 1726, eut lieu deux mariages en même temps : celui de Messire Louis René Caradeuc de la Chalotais et de demoiselle Anne Paule Rahier, dame de la Fresnaye et celui de Messire Antoine René de Ranconnet, chevalier, comte de Royan et de Jacquette Gilonne Rahier, dame de la Mancellière.
La Grand’Cour, appelé aussi la Cour Gouyon ou la métairie de La Fresnais, appartenait au XVeme siécle à la famille des Gouyon, seigneur de la Gouesnière. En 1530, Guillaume de Cramou l’acheta. fin XVIIeme ou début XVIIIeme, la famille Rahier acquit cette seigneurie.
En 1779, Louis René Caradeuc de la Chalotais vendit les seigneuries du Pré-Henry et de la Grand’Cour à Guy Sebire, sieur des Saudrais en La Gouesnière.
A la Révolution, dans le pays dolois, il y eut une animosité à l’égard des prêtres qui avaient prêté serment à la constitution. Le curé assermenté Guillaume LOCHET, né à La Fresnais, fut élu, en 1791, recteur de La Fresnais et remplit les fonctions d’officier public. Marié et père d’un enfant, il fut fusillé par les chouans en novembre 1795 au Bois Clairet après avoir eu les deux poignets tranchés.
A l’inverse, les prêtres réfractaires trouvèrent aide et protection. Après avoir été curé d’office à La Fresnais, François Goret refusa de prêter serment et fut déporté à Jersey. Grâce à sa connaissance des gens du pays dolois, il revint clandestinement d’exil. En se cachant aux Terres Gabets, il assura son ministère et inscrivit sur deux petits cahiers 98 baptêmes et 64 mariages malgré les recherches actives des républicains. En raison des services rendus, il fut nommé, en 1803, recteur de La Fresnais.
Toujours à la même époque, un fait a marqué les esprits des Fresnaisiens. En mars 1796, le Comte de Sérent et son frère, le Vicomte de Sérent, font partie d’un groupe de 27 émigrés, dont le Comte Hippolyte de Rosnyvinen de Piré, Eugène Charles Tuffin de la Rouërie, Julien Saucet-Duval, ayant fuit vers l’Angleterre et revenant en France pour organiser la lutte des Chouans. Ils sont débarqués clandestinement en pleine nuit à la pointe du Meinga à Saint-Coulomb et ont pour objectif de rallier le quartier général de Joseph de Puisaye, chef de la chouannerie en Bretagne, près de Fougères. Mais ils sont rapidement repérés par les Bleus (les républicains), arrivent en courant au Pont o Véro et sont pourchassés à travers les champs et les biefs. Certains d’entre eux réussissent à se cacher puis à s’enfuir, parfois avec l’aide de la population. D’autres n’ont pas cette chance et sont massacrés (Eugène Charles Tuffin de la Rouërie et le Marquis du Bois de La Ferronière). C’est le cas également du Comte Armand de Sérent qui, épuisé, avait tenté de se cacher dans un fossé. Son corps est enterré à la hâte près de la Renaudière. Il est exhumé en 1816, à la demande de son père, le duc Armand Louis de Sérent, pair de France.
Une croix est érigée à l’endroit où le Comte a perdu la vie et porte la mention « à la mémoire des Ducs de Serrens ». Aujourd’hui elle se trouve à l’entrée du terrain des sports.

Armand, Sigismond, Félicité, Marie DE SÉRENT  dit « le Baron De Sérent »,
Né le 1er septembre 1762 à PARIS
Décédé le 16 mars 1796 à LA FRESNAIS

De cette époque révolutionnaire, nous reste également les vestiges du Moulin dit « de la Nation ».

Au milieu du 18e siècle, la « Bruyère » (terrains fresnaisiens inondables situés au pied des coteaux de Roz-Landrieux) fut concédé à un fermier général de Nantes M. Graslin. Enfin l’écoulement à la mer fut amélioré, après l’autorisation du roi Louis XVI, par la construction d’un canal en bois sous la digue prés du pont de Blanc Essai. Appelé un temps « L’Arche Graslin », il est connu de nos jours sous le nom de « Pont du Noc ». En 1800, une bande de brigands « déguisés en femmes » sèment la terreur dans les environs et à La Fresnais : ils attaquent et volent les voyageurs allant parfois jusqu’aux meurtres. Le Maire de La Fresnais sollicite auprès du Sous Préfet l’intervention des forces de l’ordre. 40 hommes sont envoyés, des fresnaisiens sont employés comme espions et guides dans cette traque. Pour les arrêter, les gendarmes se déguisent à leur tour en paysans. Mais le Maire du Mont-Dol les prenant pour les brigands ouvre le feu sur eux. Plusieurs sont tués ou blessés. Lors de la Révolution de 1848 (sous Louis Philippe), les nobles sont à nouveau pourchassés. M. de SEPOIS se réfugie chez le Maire, M. HERBERT et, caché dans le four à pain rempli de fascines, il parvient à échapper aux soldats. Parmi les fresnaisiens, nous pouvons trouver des nobles installés notamment au Pré-Henry (seigneurie du Pré-Henry) et à la Grand Cour (seigneurie de La Fresnaye), un écuyer du Roi (1722),  des chouans,  des corsaires (François et Charles de Kerpoisson), de nombreux Terre-Neuvas* dont beaucoup perdirent la vie lors des campagnes de pêche, des soldats ayant servis Napoléon, des bagnards sur l’île de Nou en Nouvelle-Calédonie, des marins militaires ayant fait les campagnes de Crimée, du Mexique ou du Tonkin, … Au début du XIXeme siècle, les chemins empierrés n’existaient pas sur la commune. Selon Bertrand ROBIDOU**, « cette commune n’attend que des routes pour jouir plus amplement de son sol extrêmement productif et partout cultivé, mais difficile à desservir ». En 1832, deux chemins vicinaux sont connus : celui du bourg au Pont-o-Vero et celui du bourg à Vildé-la-Marine. En 1843, un projet d’ouverture d’un chemin vicinal Dol-Saint Servan recueille un refus unanime de la municipalité. L’année suivante 1844, les conseillers municipaux reviennent sur leurs décisions. La majorité des ressources est consacrée à son empierrement et à sa rectification les années suivantes. En quinze années, les routes empierrées ont plus que doublées. Autre évènement ayant marqué les esprits des fresnaisiens : le 5 mars 1906, suite à la loi de séparation de l’Eglise et de l’État de 1905, un inventaire des biens de l’église est réalisé. Comme dans de nombreuses communes, notamment en Bretagne, près de 2000 manifestants sont rassemblés autour de l’église, certains se barricadent dans l’église pour empêcher l’inventaire qu’ils considèrent comme une profanation ou une spoliation. Face à une opposition virulente, les forces de l’ordre sont contraintes d’intervenir en attaquant les portes de l’église à la hache pour entrer. Lors des deux grands conflits mondiaux (14-18 et 39-45), la commune perd nombre de ses jeunes mobilisés. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle est occupée par les allemands qui font construire par les prisonniers de guerre un fossé antichars allant de Saint Benoît-des-Ondes jusque Châteauneuf et constituant ainsi une ligne défensive avancée, à l’Est du dispositif allemand protégeant Saint Malo. Après la guerre, il est reconverti en bief sous le nom de « canal des Allemands ». Les américains arrivent à La Fresnais le 4 août 1944. Le dernier prisonnier fresnaisien, libéré par l’Armée Russe et évacué en Norvège, ne rentre que le 11 septembre 1945. * Un des Terre Neuvas, François CLOTEAUX, déserte son navire en 1855 à Boston aux Etats-Unis et s’installe ensuite en Louisiane où il fonde une famille. ** Bertrand Robidou, écrivain et journaliste politique né à Plerguer en 1818 et décédé à Rennes en 1897. Rédacteur en chef à partir de 1871 du journal L’Avenir de Rennes, auteur de romans historiques, de pièces de théâtre à succès et d’œuvres littéraires portant sur l’histoire régionale (« Histoire et Panorama d’un beau pays », 1853). (source historique : les ouvrages de MM. MEURY et SORRE)